Reviewed by Pierre Briant (p.briant@wanadoo.fr)
Comme le rappelle l'auteur, les cinq tombes rupestres d'Amasia, dans l'arrière-pays de l'ancien royaume du Pont, n'ont pas fait l'objet d'une étude systématique depuis l'exploration menée en 1861 par Georges Perrot et ses deux compagnons et leur rapport de 1872, accompagné de nombreux plans et dessins. (On verra aux p. 11-17 la liste des voyageurs et commentateurs.) Inauguré par des prospections menées par l'auteur en 1976 puis en 2001, le présent travail s'inscrit dans un programme de recherches centré sur les phénomènes d'acculturation, et rendu possible aussi par les progrès dans les techniques photographiques et photogrammétriques utilisées au cours des prospections successives 2002-2004. Après avoir présenté ce que l'on sait de la ville d'Amasia et avoir plus particulièrement traduit et commenté le texte de l'Amasien Strabon (p. 6-8) et l'apport des monnaies (p. 9-10), l'auteur décrit minutieusement (p. 19-88) chacune des cinq tombes royales (A-B-C-D-E) attribuées respectivement à Mithridate I (ca. 302-ca. 266/5), Ariobarzanes (ca. 266/5- ca. 255), Mithridate II (ca. 255-ca.220), Mithridate III (ca. 220-ca. 190) et Pharnakes I (ca. 190-ca 160), la cinquième (E) étant restée inachevée (Pharnakes ayant décidé d'établir sa résidence à Sinope : p. 108-9). S'y ajoutent trois autres tombes (p. 89-106), qui ne sont pas « royales », mais dont la construction a été copiée sur celle de la tombe E (p. 89-106), et dont l'une porte des inscriptions en grec (p. 94-6), et des traces de peintures byzantines (p. 98-9). Chacune des cinq tombes A-E est décrite avec beaucoup de soin dans son environnement (e.g., aménagements hydrauliques), et dans ses caractéristiques architectoniques propres, qu'il s'agisse de la façade munie ou non de colonnes (voir schéma p. 121) ou de l'organisation intérieure (chambres funéraires : 132-4). Les tombes sont également resituées dans un ensemble micrasiatique, puisque l'on trouve des tombes rupestres dans d'autres régions, particulièrement en Carie ou en Lycie, mais aussi en Paphlagonie (e.g., L. Summerer & A. von Kienlin in Achaemenid Impact in the Black Sea [2010] : 195-222). Concernant le problème historique placé par l'auteur au centre de ses préoccupations (celui de l'acculturation), les conclusions sont claires : contrairement aux tombes connues dans d'autres régions, les tombes du Pont ne sont pas marquées par une forte influence grecque, et la plus tardive (tombe E) est clairement de type local, et non pas de type grec. Cette appréciation sera certainement discutée (de même que l'origine « achéménide » de la famille, p. 107), mais en tout état de cause, on dispose désormais d'un corpus archéologique établi de manière scientifique exemplaire, et qui, comme tel, sera la base de toute étude ultérieure.
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