Tuesday, November 9, 2010

2010.11.21

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Antonella Coralini (ed.), Vesuviana. Archeologie a confronto. Atti del Convegno Internazionale (Bologna, 14-16 gennaio 2008). Bologna: Ante Quem, 2009. Pp. 890; CD. ISBN 9788878490437. €90.00.

Reviewed by Alexandra Dardenay, Université de Toulouse II

Table of Contents

Ce volumineux ouvrage constitue les actes du colloque « Vesuviana » qui s’est tenu à Bologne en janvier 2008. Un des objectifs principaux de cette rencontre était de présenter un compte-rendu des activités et un bilan à l’issue de la première décennie du programme de recherche Vesuviana (1997-2007). Vesuviana est le programme mis en place par l’Ateneo de Bologne sous la direction de Daniella Scagliarini Corlàita et A. Coralini et centré sur l’étude des sites de la région du Vésuve, en particulier Pompéi et Herculanum. Il s’agissait ici de confronter l’expérience « vésuvienne » avec les programmes de recherche et les résultats obtenus par d’autres savants et équipes, ailleurs qu’en Campanie, dans différentes parties du monde romain. L’organisation du volume met donc particulièrement en valeur le réseau de relations et de collaborations tissés par les chercheurs conduisant le projet Vesuviana pendant la première décennie d’existence du programme. Il en résulte pour le lecteur un panorama assez représentatif des résultats récents de l’archéoscience dans le cadre de l’étude de la civilisation romaine. Parallèlement au traitement de ces questions relevant des sciences appliquées à l’archéologie, le souci de mettre l’accent sur les problèmes de conservation des sites et de valorisation de la recherche scientifique, auxquels sont confrontés, en particulier en Italie, les surintendances est assez frappant. C’est donc, de manière très large, des ressorts de l’utilisation des sciences appliquées au patrimoine antique, à l’archéologie romaine et à leur valorisation auprès du public qu’il est question ici.

A cet égard, un des projets phares sur les cités romaines est le « Herculanum Conservation Project », un programme de conservation et de valorisation mis en place il y a quelques années autour du site d’Herculanum. Il n’est donc pas surprenant que ce programme fasse, à lui seul, l’objet de huit communications. Le colloque a également laissé beaucoup de place à la technologie, qui joue désormais un rôle capital dans la gestion et la diffusion des données de la recherche archéologique, notamment dans la production de la réalité virtuelle et de la modélisation tridimensionnelle. Lors de la session archéométrique, il a, par ailleurs, été question des usages de la chimie appliquée aux biens culturels et à l’archéométrie des matériaux, qui, associés aux méthodes d’investigation traditionnelles, ont permis de clarifier certains dossiers, comme celui de la classification des pigments utilisés dans la peinture romaine ou la méthodologie de production des objets céramiques.

Autrement dit, la publication de ce colloque nous offre un volume mettant en lumière la transversalité et la transdisciplinarité du projet Vesuviana. A des études de cas centrées sur les cités du Vésuve sont présentées en pendant des expériences archéo-logiques, -métriques, -graphiques (si on reprend les trois grandes parties de l’ouvrage) conduites sur d’autres sites d’Italie ou dans d’autres régions du monde romain. Cet ouvrage —qui regroupe pas moins de 74 communications auxquelles il faut ajouter les présentations introductives des conducteurs du projet — est organisé de manière suffisamment thématique pour que sa consultation soit aisée.

Dans une partie liminaire intitulée « Archeologia nell’Alma Mater Studiorum », Antonella Coralini – organisatrice de l’événement – présente dans un premier temps le programme-cadre Vesuviana, puis le projet DHER (Domus Herculanensis Rationes) qu’elle a lancé en 2005 et qui s’emploie notamment à réaliser une couverture photogrammétrique des parois peintes des édifices d’Herculanum. Quant à Daniela Scagliarini Corlàita, dont on connaît l’implication à l’origine du projet Vesuviana, elle présente dans cette introduction les derniers résultats de son programme de recherche sur l’insula du Centenaire à Pompéi.

Ces communications liminaires introduisent un ouvrage organisé en deux parties. La première s’intitule « Conoscere, conservare, comunicare » et se trouve subdivisée en quatre chapitres. Vient en tête celui concernant l’utilisation des systèmes d’information dans le cadre du C.I.R (Circuito Informativo Regionale) « Cultura Campania ». Il est composé de sept articles qui relatent divers expériences de construction de bases de données, de répertoires cartographiques et autres réalisations informatiques et virtuelles autour de sites campaniens. Le second chapitre est consacré exclusivement à Herculanum, tout comme le troisième qui est consacré au Herculaneum Conservation Project dont A. Wallace-Hadrill nous rappelle les objectifs. En tout, onze interventions envisagent donc divers aspects des études « herculanaises », de la relecture des journaux de fouille (N. Monteix) aux mesures prises pour une meilleure conservation du site (P. Pesari, M. Martelli Castaldi ou D. Camardo). C’est également à cette occasion qu’A. Allroggen-Bedel présente son impressionnant travail d’archives et ses derniers résultats dans sa quête d’un replacement en contexte des enduits peints jadis prélevés à Herculanum et conservés au Musée de Naples. Enfin, le quatrième chapitre (« Al di là dei siti vesuviani ») de cette première partie relate l’application des problématiques précédentes à des sites appartenant à d’autres régions du monde romain. C’est ainsi que Sara Santoro réalise un bilan de la fameuse exposition « De Pompéi à Bliesbruck » qui proposait un parallèle entre les études pompéiennes et les recherches sur le site de Bliesbruck. Ce chapitre nous emmène également à découvrir l’image virtuelle du site espagnol de Bilbilis (M. Martin Bueno et P. Diarte Blasco) ou le « projet Palmyre » (M. T. Grasi).

La seconde partie du volume est dévolue à l’archéo-science et propose une savante mise en perspective de trois de ses composantes : l’archéo-logie (je restitue la graphie du nom des chapitres), l’archéo-métrie et l’archéo-graphie. Le premier chapitre – intitulé « Archeo-logia » - est introduites par trois articles sur l’archéologie préventive ( L. Malnati et A. Morigi) et l’archéologie du paysage (A. Morigi). Par la suite, le chapitre est organisé de manière géographique : Rome, la Campanie et la Lombardie ont fait l’objet d’études de cas présentées dans le cadre de ce colloque. Deux communications portent sur l’étude de monuments funéraires de l’Vrbs (le columbarium de C. Scribonius Menophilus par Th. Frölich et les catacombes de Domitilla par N. Zimmermann). Suivent seizes articles illustrant différents aspects de la recherche archéologique en Campanie. Il est notamment question de l’actualité des fouilles dans quelques édifices pompéiens (les dernières recherches à la « villa imperiale » sont ainsi présentées par B. Giacobbe et A. Lucignagno). Mais d’autres articles sont consacrés à l’analyse de programmes décoratifs (dans la « Casa dello Scheletro » à Herculanum) ou encore à la présentation de synthèses iconographiques (sur les représentations de natures mortes, ou encore des « Pueri Veneris » à Herculanum). Cette partie se clôture sur deux communications consacrées à des ensembles d’enduits peints mis au jour en Lombardie. Le second chapitre traite d’archéométrie et les communications sont présentées de manière thématique. Cinq communications sont consacrées à l’archéométrie du bâti dans les cités campaniennes. C’est ainsi que G. Bitelli, V. Alena Girelli et A. Zanutta présentent deux communications sur les résultats d’études photogrammétriques menées à Herculanum. Il y est également question de modélisation et d’analyse structurelle (G. Castellazzi et al.), dans l’ « insula del Centenario » en particulier (A. Custodi et L. Sciortino) qui a, par ailleurs, fait l’objet d’un gros travail de restauration et de consolidation. Suivent neuf communications consacrées à l’archéométrie de la production. Plusieurs abordent les techniques et les matériaux utilisés pour la réalisation de pavements mosaiqués. C’est ainsi que C. Pilolli et al. présentent une étude photogrammétrique des mosaïques de pavement d’Herculanum et C. Boschetti et al. se concentrent sur l’étude du verre dans les mosaïques pompéiennes. Les travaux présentés s’attachent d’autre part à l’analyse des pigments dans la peinture murale campanienne. On signalera ainsi les travaux de G.A. Mazzocchin (et al.) et A. Casoli et E. Campani sur l’analyse des matériaux et pigments employés dans la réalisation des peintures d’Herculanum. C’est également dans le cadre de cette problématique que P. Baraldi a proposé une synthèse sur les matériaux et techniques de la peinture romaine des premiers siècles en Italie. Une synthèse encore plus large dans son champ d’étude est celle de A. Casoli (et al.)sur les pigments d’époque romaine.

Vient enfin une troisième partie sur l’ « archeo-grafie » dont les problématiques et résultats récents font l’objet de douze articles. Il s’agissait ici de présenter plusieurs expériences novatrices de valorisation de la recherche par le biais de l’informatique. C’est ainsi que P. Giovetti dévoilait les solutions infographiques proposées aux visiteurs dans le Museo Civico Archeologico de Bologne, et l’interface de la base de données des collections numismatiques et des collections de vases grecs accessibles au public dans ce même musée. D’autres bases de données, interfaces et protocoles informatiques furent présentés à l’occasion de ce colloque, comme par exemple le système informatique ROMIT pour la valorisation des biens culturels et sites romains en Emilie-Romagne (article de F. Lenzi) ou encore le site Fasti Online qui rend accessible sur internet une base de données des fouilles archéologiques conduites en Italie à laquelle peuvent être associées des publications d’articles en ligne. Le colloque et le présent volume s’achèvent sur une présentation – et un compte rendu élogieux – par A. Coralini et E. Moormann de l’ouvrage de J. Clarke « Looking at Laughter » (Berkeley, 2007).

La publication de ce colloque Vesuviana se présente, en premier lieu, comme un condensé des possibilités offertes par l’utilisation des nouvelles technologies en archéologie ; mais il éclaire aussi les programmes de restauration et valorisation des sites, biens culturels et musées romains en Italie ou ailleurs. Au vu de ses résultats sur la dernière décennie et des possibilités qu’il offre encore, le programme Vesuviana se pose définitivement comme un projet phare pour l’étude non seulement des opportunités de l’archéoscience, mais également de la civilisation romaine. A cet égard, le colloque Vesuviana de 2007, et l’ouvrage qui en résulte, apparaissent comme un formidable portail sur l’archéologie (au sens large) au XXIe siècle. Par ailleurs, bien que volumineux, l’organisation rigoureusement thématique de ce livre en permet une consultation rapide et agréable, et ce, malgré l’absence d’index. Ajoutons, pour finir, qu’avec le livre est offert un CD regroupant toutes les communications en format PDF, une annexe fort utile quand on a pu apprécier le poids du volume.

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